Publicité

Restez au courant des actualités les plus importantes

En cliquant sur le bouton « S'abonner », vous confirmez que vous avez lu et que vous acceptez nos conditions d'utilisation.

Portrait : Fatou Diome, la plume guerrière

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome
Fatou Diome

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome a prêté, très tôt, sa plume à des combats différents et justifiés. Elle a récemment été nommée Docteur Honoris Causa à L’Université De Liège. La cérémonie de remise des insignes s’est déroulée le 14 avril 2020, jour du bicentenaire de l’Université de Liège, dont l’acronyme ULg est désormais remplacé par ULiège.

Nous mettons dans ce portrait, les projecteurs sur l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome. Son parcours particulièrement semé d’embuches, ses convictions et ses combats, nous vous en parlons dans les prochaines lignes.

L’enfance d’une femme de lettres

En 1968, sur la petite île de Niodior, dans le delta de Saloum, au sud-ouest du Sénégal, une petite fille vient de naître. Fatou Diome l’a-t-on nommé. En apparence, ce n’était qu’une petite fille comme les autres. Mais dans les faits, la petite Fatou qui grandit aux côtés de sa grand-mère ne fait rien comme les autres. En effet, Fatou se plaît dans le cercle des hommes, contrairement à ce qu’exigent les traditions de chez elle. Comme dans beaucoup de contrées africaines, surtout en ces temps, la place qu’on donnait aux femmes était à la cuisine et dans les travaux ménagers.

Vivant toujours en déphasage avec la communauté de l’île, elle décide d’aller à l’école et y apprend le français. Sa grand-mère n’est pas du tout de cet avis. Pour elle, la place de la jeune fille n’est pas en classe. La petite Fatou doit alors se rendre à l’école en catimini. Cette situation dure jusqu’au jour où son instituteur parvient à persuader la grand-mère de la laisser continuer les études. Elle développe alors une passion pour la littérature francophone.

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome

Au début de son adolescence, à 13 ans exactement, l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome quitte son village. Elle s’en va poursuivre ses études dans d’autres villes du Sénégal. Véritable nomade, elle survient à ses besoins grâce à de petits boulots : elle fréquente le lycée de M’bour et travaille comme domestique en Gambie. Elle finit par faire ses études universitaires à Dakar. À cette période, Fatou Diome envisage de devenir professeur de français, sans jamais envisager de quitter son Sénégal natal.

Lire aussi  Togo : Agboba Kossi Pascal, forger par passion et par détermination

Des peines de cœur de toutes les couleurs

Toutefois, à 22 ans, l’amour croise le chemin de l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome. Elle s’éprend pour un Français. Dans la suite logique des choses, elle se marie et choisit de le suivre en France. Les choses se mettent rapidement en place et elle se retrouve en France. Mais grande est sa désillusion quand elle se retrouve face à une belle famille qui ne l’accepte pas.

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome

Deux (02) ans plus tard, Fatou Diome met un terme à son mariage. Elle se retrouve alors avec toutes les difficultés du monde sur le bras à cause de sa condition d’immigrée sur le territoire français. N’ayant aucune source de financement, elle travaille pendant les six (06) années suivantes comme femme de ménage pour financer ses études et vivre. Cette situation perdure même pendant la période de préparation de son Diplôme d’études approfondies, où elle peut exercer la fonction de chargée de cours. Cette fonction ne lui rapporte que très peu, elle ne peut donc pas en vivre.

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome pose alors ses valises en Alsace, en 1994. Elle étudie à l’université de Strasbourg où elle termine son doctorat en lettres modernes. Elle choisit comme thème pour sa thèse « Le voyage, les échanges et la formation dans l’œuvre littéraire et cinématographique » de Sembène Ousmane. Elle continue de donner des cours en parallèle.

Lire aussi  Léandre Bassolé : portrait du nouveau Directeur général adjoint pour la région Afrique de l’Est de la BAD

La carrière de l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome dans l’écriture

En 2001, l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome démarre sa carrière dans l’écriture en publiant “La Préférence nationale”, un recueil de nouvelles, aux éditions Présence Africaine. Deux ans (02) plus tard, soit en 2003, elle sort son premier roman intitulé “Le Ventre de l’Atlantique” aux éditions Anne Carrière. Vient ensuite un second roman 2006 nommé “Kétala”. Il est suivi d“Inassouvies, nos vies” (2008), “Celles qui attendent” aux Éditions Flammarion (2010), “Impossible de grandir” (2013), “Marianne porte plainte !” essai, Éditions Flammarion (2017). “Les Veilleurs de Sangomar”, aux éditions Albin Michel, 2019.

Dans ses œuvres de fiction, elle dépeint souvent la France et l’Afrique. Son style s’inspire directement de l’art traditionnel de narration, tel qu’il est toujours connu dans l’Afrique contemporaine. Caractérisée par ses descriptions précises et originales, un humour impitoyable et un langage tranché, mais nuancé, elle dépeint un portrait inquiétant des difficultés d’intégration à la France. Ses récits sont harmonisés par des épisodes entremêlés de nostalgie et d’agrément au souvenir de son enfance au Sénégal.

Ses prises de position

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome est une fervente défenseure du rôle de l’école et des valeurs républicaines. Elle se révolte contre les intolérants. Alors que croît le populisme, Fatou Diome est souvent invitée à donner son opinion sur des sujets politiques et sociaux dans les médias télévisés ou dans la presse écrite. Elle prend entre autre une position ferme contre la montée du populisme avec le Rassemblement National en France. En sa position d’écrivaine, elle désire par ses livres rappeler les valeurs républicaines et humaines car elle estime « qu’il ne faut plus se taire face aux obsédés de l’identité nationale ».

Lire aussi  Bénin : Lassaro Reynaldo Ahouandogbo, un parcours entrepreneurial au service de l’éducation des jeunes défavorisés

Fatou Diome prône également une coopération plus égalitaire entre l’Europe et l’Afrique. Elle estime que pour l’heure, l’Afrique n’est pas maîtresse de ses biens. L’Europe tire les ficelles d’une coopération inégale. L’écrivaine pense également que le complexe colonial reste persistant tant du côté des Africains que des Européens, ce qui empêche cette coopération d’être plus égalitaire. Elle défend l’idée selon laquelle chacun, peu importe son origine, devrait se sentir comme un être humain face à un autre être humain.

L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome

Dans ce sens, sans faire peser la responsabilité davantage à un continent qu’à l’autre, elle défend la nécessité pour les africains de s’affranchir de leur statut de victime et pour les européens de sortir d’une position de dominant afin de mettre fin aux schémas exploitant/exploité, donateur/assisté. Enfin, elle précise qu’aider une personne, c’est l’aider à ne plus avoir besoin de vous, en écho à l’aide au développement mise en place par les pays occidentaux en Afrique notamment.

Prix et distinctions

En 2017, l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome reçoit les insignes de doctorat honoris cause à l’Université de Liège, en Belgique. En 2019, elle est la lauréate du Prix littéraire des Rotary Clubs de langue Française pour son roman “Les veilleurs de Sangomar”.

Fatou Diome fait partie de ces dignes héritiers de l’Afrique qui la défendent bec et ongles. Son combat, comme celui de beaucoup de ses compères, est orienté vers des relations plus égalitaires entre l’Afrique et le reste du monde, spécialement l’Europe.

Restez au courant des actualités les plus importantes

En cliquant sur le bouton « S'abonner », vous confirmez que vous avez lu et que vous acceptez nos conditions d'utilisation.
Add a comment Add a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Article précédent
Coronavirus au Maroc

Coronavirus au Maroc : plus de 300 cas dans des prisons du pays

Article suivant
L’Institut National d’Hygiène

Togo : l’Institut National d’Hygiène s’invite à Kara

Publicité