En février 2024, Abbas Mahamat Tolli a quitté son poste de gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Depuis, il s’est lancé un nouveau défi : briguer la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Doté d’une riche expérience dans les institutions financières africaines, le candidat tchadien bénéficie du soutien de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Portrait.
Expert financier reconnu, Abbas Mahamat Tolli est diplômé de l’Université du Québec et de l’École nationale d’administration. Il a fait ses premières armes professionnelles en tant que Directeur-Général des Douanes et des Droits Indirects en 2001 et a occupé ensuite plusieurs postes importants, notamment celui de ministre des Finances en 2006 et de ministre de l’Infrastructure en 2011. Son parcours l’amène à prendre des responsabilités au sein des institutions communautaires de la CEMAC, d’abord comme Secrétaire général de la BEAC en 2008, puis comme Secrétaire général de la Commission bancaire en 2012.
En 2015, Abbas Mahamat Tolli devient président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), où il met en œuvre un vaste programme de modernisation. Son action porte sur la réforme des systèmes informatiques, le renforcement du cadre de gouvernance et l’optimisation du recouvrement des prêts. Sous son mandat, la BDEAC enregistre une progression nette avec 175 projets en cours, ce qui équivaut à un financement de 973 milliards de FCFA.
Lorsqu’il prend la tête de la BEAC en 2017, la situation économique de la zone CEMAC est fragile : la chute des prix des matières premières a entraîné une crise de liquidité et une forte baisse des réserves de change. Il hérite donc d’une situation économique difficile et engage une série de réformes pour redresser la situation et stabiliser l’économie de la zone CEMAC. À la tête de l’institution, les réserves de change passent de 2,5 mois à 4 mois d’importations et évite de justesse une dévaluation.
En collaboration avec le FMI, Abbas Mahamat Tolli appuie la mise en place d’un programme de réformes économiques et financières qui contribue au redressement des économies de la région. Il impose une nouvelle réglementation qui oblige les entreprises pétrolières et minières à rapatrier l’intégralité de leurs recettes, pour favoriser une meilleure transparence financière. Il met fin à la pratique des avances statutaires aux États et encourage le financement via le marché obligataire, dont l’encours des titres publics passe de 916 milliards de FCFA en 2016 à 6 413 milliards de FCFA en 2023. Son action permet également à la BEAC de renouer avec la rentabilité. L’institution va enregistrer des bénéfices records de 310 milliards de FCFA en 2023.
Abbas Mahamat Tolli : une vision panafricaine

À Abidjan, le 13 décembre 2024, la ministre tchadienne déléguée aux Finances, Fatima Haram Acyl, a officiellement déposé la candidature de l’expert financier à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Son ambition ? Offrir une nouvelle dynamique à l’institution avec un accent mis sur la transformation économique du continent.
Abbas Mahamat Tolli bénéficie du soutien des chefs d’État de la CEEAC et de la CEMAC, qui voient en lui un candidat capable d’insuffler un nouvel élan à l’institution panafricaine. Le Cameroun, qui envisageait de présenter son propre candidat, a finalement choisi de se rallier à sa candidature. Toutes ces mains tendues renforcent sa légitimité et augmentent ses chances de succéder à Akinwumi Adesina lors de l’élection prévue pour le 29 mai 2025.
Le candidat tchadien défend une vision axée sur l’innovation financière, le financement des infrastructures stratégiques et le renforcement de l’intégration économique africaine. Il met en avant son expérience en matière de gouvernance bancaire et de réformes économiques pour convaincre les États membres de l’institution panafricaine.
Avec une campagne qui bat son plein et l’élection qui approche, le technocrate tchadien, né en avril 1972 à Abéché, au Tchad, est clairement un sérieux candidat pour succéder à Akinwumi Adesina à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) le soir du 29 mai 2025.