Publicité

Restez au courant des actualités les plus importantes

En cliquant sur le bouton « S'abonner », vous confirmez que vous avez lu et que vous acceptez nos conditions d'utilisation.

Interview : Yodane Rehote, figure révélée de la diaspora Centrafricaine de France

Yodane Rehote Yodane Rehote

Pour le 17e numéro du magazine Ocean’s News, nous avons pris le “vol en ligne” pour la France, pour une rencontre spéciale, avec une personne tout aussi spéciale : Yodane Rehote. 

Centrafricaine d’origine, entrepreneure, Yodane Rehote réside depuis plusieurs années en France où elle a mis sur pied Rassembl’ages, une entreprise de service de proximité pour tous, dans le domaine médico-social notamment dans l’aide aux personnes âgées, en situation de handicap et aux familles. 

Dans le cercle très restreint de la diaspora centrafricaine de France, Yodane Rehote est un nom connu et respecté. Son sens du travail bien fait et son amour pour les personnes vulnérables font d’elle une femme à part entière. 

Après le succès de Rassembl’ages, elle décide en 2019 de lancer Zoeli dans son pays natal pour contribuer à la construction de sa chère patrie. Dans cet entretien qu’elle a pris du plaisir à nous accorder, cette entrepreneure à succès, devenue modèle de toute une jeunesse, revient sur ses débuts dans l’Hexagone et nous dresse ses ambitions futures…

Madame Yodane bonjour, la coutume exige que nos invités se présentent à nos lecteurs. Dites-nous alors qui est Yodane Rehote ?

Yodane Rehote : Merci de me donner l’occasion de me présenter à vos lecteurs. Je suis madame Rehote née Yanoy Yodane. Je suis une Franco-Centrafricaine vivant en France. Directrice du centre médico-social Rassembl’ages dans la Loire-Atlantique. Gestionnaire de projets en gérontologie et Directrice des établissements médico-sociaux et de l’économie sociale et solidaire.

Pour une personne qui entend votre nom pour la première fois, comment est-ce qu’elle doit vous définir ?

Yodane Rehote : (rire) Cadre féminin, entrepreneure, ambitieuse, déterminée et une belle âme, aimant les gens et son pays, prompte au service.

Centrafricaine d’origine, vous résidez en France depuis plusieurs années déjà. Pourquoi ce choix ? 

Yodane Rehote : Les contraintes de la vie, pour être plus précise, les contraintes familiales m’ont amené en France où je me suis installée. Évidemment, viennent s’ajouter les raisons professionnelles.

Racontez-nous donc très brièvement comment vous vous êtes retrouvée en France ? 

Yodane Rehote : J’ai quitté mon pays en 2003 pour des raisons d’études qui m’ont conduite d’abord au Bénin, par la suite, j’ai rejoint l’homme de ma vie outre-méditerranée. 

Entrepreneure confirmée avec une dizaine d’années d’expérience, vous êtes la fondatrice et directrice de Rassembl’âges basée en France. Parleznous de cette entreprise ? 

Yodane Rehote : Rassembl’ages est une entreprise sociale, de statut juridique associatif. C’est un service médico-social, qui exerce avec un agrément, une autorisation de l’état. Notre mission est d’accompagner les personnes âgées qui souhaitent rester à leur domicile jusqu’au bout de leur vie. Comme toute structure médico-sociale, nous avons eu à faire face à la gestion de la pandémie du COVID-19. Cette crise sanitaire vient encore amplifier le manque de personnel que le secteur connait depuis quelques années. Nous cherchons du personnel à recruter, à former pour pouvoir assurer les demandes qui sont croissantes.

Quand et comment l’idée est née de mettre sur pied une entreprise en France qui proposerait un service de proximité pour tous et d’aide aux personnes âgées ? 

Yodane Rehote : L’idée de la création de Rassembl’ages m’est venue dès les premiers instants de mon arrivée en France. Je descendais presque tous les jours dans le parc qui se trouvait en bas de mon immeuble, je voyais une dame âgée qui se tenait toujours au même endroit sur un banc. Cette dame vivait seule, et passait ses journées seule. Son isolement m’a interpelé de façon particulière. Ce constat d’isolement des personnes âgées en France est une réalité, à laquelle, je ne pouvais rester indifférente. C’est ainsi que j’ai lancé Rassembl’ages avec un concept intergénérationnel. Avec des prestations qui prennent en compte les besoins des personnes âgées (soins, accompagnement, aide à la toilette, aide au lever, au coucher), des personnes en perte d’autonomie, des personnes à mobilité réduite, les personnes en situation de handicap, les enfants (garde d’enfants, périscolaire…) et les familles (ménage, repassage….). D’où son nom Rassembl’ages… qui est significatif et parlant. 

Lire aussi  Sénégal : Siny Samba et la gamme de produits le lionceau pour lutter contre la malnutrition infantile

N’était-ce pas oser une Africaine qui décide de lancer une entreprise en France ? 

Yodane Rehote : Dans la vie, il faut toujours oser, avoir confiance en soi et y croire. Quand on est convaincu qu’on peut jouer un rôle ou être utile dans la société, on met en avant ses compétences et le tour est joué. La détermination nous amène à atteindre les objectifs même les plus démesurés. Pour moi, oser c’est avoir le goût du risque et ne pas avoir peur de l’échec. Tous ces ingrédients réunis donnent le bon cocktail qu’on appelle audace. Si vous m’avez bien suivi dans ma présentation au début de cette interview, c’est comme cela que je me définis. Et c’est donc tout naturellement que je me suis lancée dans cette noble cause parce que j’estime que le besoin d’assistance aux personnes fragilisées est réel en France. Je ne pouvais pas rester indifférente à cette situation. J’ai décidé de répondre à ce besoin après mes études universitaires.

Après avoir fait vos preuves en France, vous décidez finalement de tenter la même expérience en Centrafrique, votre pays d’origine en lançant en décembre 2019 Zoeli à Bangui. D’abord, dites-nous, le nom Zoeli a-t-il une explication particulière ? 

Yodane Rehote : Effectivement, vous voyez que je n’ai pas hésité à mettre mon savoir et mon savoir-faire pour répondre à un besoin dans mon environnement. La France étant mon pays d’adoption que j’aime tant, je me suis sentie aussi interpellée par la situation de mon pays d’origine pour qui j’ai aussi un fort attachement. C’est ainsi que j’ai lancé “Zoeli” une raison sociale authentique qui montre mon attachement à mon pays en général et à la région natale de mon père en particulier. 

Zoeli signifie laver avec de l’eau en patois gbaya de Berberati. C’est une entreprise spécialisée dans l’ingénierie de la propreté et qui se propose d’offrir un cadre de vie ou un environnement sain aux citoyens centrafricains et à tous ceux qui résident dans ce beau pays qu’est la République centrafricaine. Cela passe par les missions d’assainissement, nettoyage industriel des bureaux et infrastructures, l’embellissement de la ville (parcs d’attraction, monuments et édifices publics), entretien des locaux et des habitations, dératisation, etc.

Quel est le plus que Zoeli apporte dans la vie des Centrafricains ? 

Yodane Rehote : Zoeli propose l’accès à l’emploi des jeunes sans qualification et des jeunes filles, jeunes femmes désœuvrées. Nous faisons de l’accompagnement socioprofessionnel à des personnes éloignées de l’emploi. Nous contribuons à la réduction du chômage, réduisant un peu la pauvreté. Notre ingénierie en la matière trouve vraiment son sens dans un travail d’analyse de la situation de conception, de mise en œuvre et d’évaluation et nous disposons des outils performants pour réaliser un travail de qualité en vue de la satisfaction et du bien-être de nos clients.

Zoeli est-elle la réplique exacte de Rassembl’âges ou elle a une touche particulière ? 

Yodane Rehote : Non, pas du tout. Rassembl’âges est une structure médico-sociale tandis que Zoeli aborde que le côté socio-environnemental. Elle est adaptée aux réalités et au contexte Centrafricain, mais les deux entreprises se rejoignent sur le concept de prestation de service de proximité et aussi sur le fait que la santé passe par l’environnement et l’assainissement. La particularité avec Zoeli, c’est une entreprise d’insertion par activité économique qui opère dans le secteur marchand, mais la finalité est avant tout sociale.

Lire aussi  Interview : « la communauté afro doit croire en elle », Frida Esala

Au lancement de l’entreprise, comment les Centrafricains l’ont accueilli ? 

Yodane Rehote : Zoeli a été perçue dès son lancement comme une entreprise de nettoyage industriel au même titre que les entreprises opérant déjà dans ce secteur dans le pays. Mais dès l’opérationnalité de ses actions, Zoeli a tout de suite séduit et marqué la différence par la qualité de ses offres techniques, sa démarche, ses procédés, ses outils et équipements de travail et le travail soigneux de ses techniciens de surface. Nous proposons une gamme de prestations, pour une multitude de compétences. Chaque Centrafricain trouve son compte aussi bien en tant que clients que salariés de la société. Les prestations proposées sont :

  • Aide ménagère
  • Gouvernante/Majordome
  • Garde d’enfants au domicile des parents
  • Homme toute main
  • Nettoyage des bureaux
  • Nettoyage industriel
  • Nettoyage en milieu médical (hôpital, clinique, laboratoire, pharmacie…)
  • Nettoyage d’hôtels ;

Le Centrafricain ne peut qu’accueillir à bras ouverts Zoeli qui crée de l’emploi pour la nation et rend service à la population au travers de ses prestations. Selon les revenus de chaque client, il y a des formules adaptées.

Voilà déjà près d’un an que Zoeli a été lancée. L’entreprise a-t-elle un avenir prometteur ? 

Yodane Rehote : La République Centrafricaine est un vaste chantier ouvert. Il y a beaucoup de choses à faire. Particulièrement, dans ce secteur, il y a d’autres aspects qui nous inspirent et qui s’inscrivent déjà dans notre perspective de croissance. Forts de nos atouts et de notre potentiel, nous pouvons affirmer que oui, l’avenir est prometteur pour Zoeli.

Avez-vous des projets futurs ou en cours de réalisation avec Zoeli que vous souhaiteriez partager avec nous ? 

Yodane Rehote : Plusieurs projets dans le domaine sanitaire sont en cours d’élaboration. La protection sociale également, couverture sanitaire (assurance maladie et prévoyance retraite) de centaines couches sociales : hommes de Dieu, artistes, sportifs. Nous aurions l’occasion de les exposer très prochainement.

Parlons de leadership féminin en Afrique. Êtes-vous de celles qui pensent que les femmes doivent prendre les rênes de nos gouvernements pour diriger autrement comme le martèle souvent votre compatriote, Ancienne Présidente Catherine Samba-Panza ? 

Yodane Rehote : Cette problématique du leadership féminin fait suite à des concepts qui ont commencé à émerger depuis les années 90 et qui ont de plus en plus de résonance aussi bien dans la sphère privée que la sphère publique, parlant de l’émancipation de la femme, du concept genre et de la parité homme-femme, à l’instar des autres pays africains a adopté en novembre 2016, la loi sur la parité qui traduit l’expression de la volonté étatique d’inclure davantage les femmes dans les instances de décisions. En effet, « un quota minimum de 35 % des femmes est requis, sur la base de leurs compétences, dans les instances de prise de décision à caractère nominatif et électif ». Si cette disposition n’est pas respectée, alors les décisions prises peuvent être déclarées comme « nulles ». Cette loi s’impose aux secteurs privés et publics.

Dès lors que cette loi est entrée en vigueur en Centrafrique, le leadership féminin n’est plus un slogan ou un crédo qui se prête simplement à des campagnes ou des tapages médiatiques. Les femmes doivent l’assumer, y répondre présentes pour rendre possible l’applicabilité de cette loi et l’effectivité de ce statut de leader à tous les niveaux. C’est ici l’occasion pour moi de rendre un hommage à Mme Cathérine Samba-Panza dont le parcours est inspirant et de saluer au passage l’audace de plusieurs autres femmes africaines en général, qui ont pu se hisser à des hautes fonctions dans les organisations internationales, dans leurs États respectifs, dans les grandes firmes nationales ou multinationales à l’exemple de Madame Darlan présidente de la cour constitutionnelle de la RCA ou Madame KAMALA HARRIS, Vice-Présidente des USA.

Lire aussi  [Dossier] : classement des 10 pays africains les plus puissants en 2023

En faisant référence au parcours de Mme Catherine SAMBA-PANZA dans votre réponse précédente. Vos propos ne laissent-ils pas entrevoir des velléités d’engagement politique ? 

Yodane Rehote : (Rire).. Ce ne sont pas que des velléités, je puis vous affirmer que je suis par ailleurs une militante politique. Je prends progressivement mes marques dans ce milieu et j’affirme légitimement mes convictions dans le parti PATRIE et son leader  Maitre Crépin MBOLI-GOUMBA. Je suis cadre dans le parti, j’occupe les fonctions de Vice-Président au sein de la fédération Europe-Amérique, un poste avec un niveau élevé de responsabilité et d’exigence que j’assume avec détermination.

Avec deux entreprises déjà créées, pourquoi vous lancer dans le jeu politique. Ne trouvez-vous pas d’incompatibilité entre le monde des affaires et la politique ? 

Yodane Rehote : Dans la vie, il faut savoir se définir, se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre. Je réitère que je suis une personne qui aime les gens et qui est prompte à se mettre au service de la société et à se battre pour l’amélioration des conditions de vie des populations. C’est ce que je fais déjà en tant que femme entrepreneure.

Mais dès lors qu’on se met au service des autres et qu’on se lance dans une quête du bien-être collectif, on évalue continuellement l’impact de ses actions et on réclame davantage une marge de manœuvre pour donner plus d’impulsion et d’envergure à ses actions, c’est là où se justifie l’engagement politique. En ce qui me concerne personnellement, je m’inscris dans cette même logique de servir l’intérêt collectif. Je saurais me prévaloir des droits et des prérogatives que me confère mon statut de femme d’influence pour créer les conditions propices au développement des affaires, à l’amélioration des conditions de vie et du statut de la femme. Je sais que c’est ambitieux, mais cela n’est pas incompatible. Pour y aboutir, il faut savoir s’organiser, faire la part des choses et surtout être disposée à déléguer si nécessaire.

Alors, dites-nous, quels seront donc vos objectifs en tant que militante et cadre de ce parti politique ? 

Yodane Rehote : Vous trouverez la réponse à cette question dans l’une des questions précédentes. Si je peux me répéter, je dirai, c’est pour servir l’intérêt du peuple, contribuer à l’amélioration de la vie de la population. Aussi créer les conditions propices à l’auto-entrepreneuriat des jeunes, des femmes, lutter pour la reconnaissance du statut de la femme aussi bien en milieu urbain que rural. Bref, mon objectif est tourné vers le peuple, rien que pour le peuple, « Nous, le peuple ».

Nous sommes à la fin de cet entretien qui fut très enrichissant. On vous laisse conclure. 

Yodane Rehote : Je vous remercie de m’avoir offert cette opportunité de paraître dans ce numéro. Je profite de votre tribune pour sensibiliser et encourager les jeunes dames à l’auto-entrepreneuriat dans la mesure où la capacité de l’État pour une intégration dans la fonction publique est très limitée. Le secteur privé doit prendre le relais, un accent particulier doit être mis sur l’auto-entrepreneuriat des jeunes, des femmes. Les femmes doivent aussi oser pour investir et conquérir courageusement l’arène politique. C’est à la fois un moyen de s’émanciper et d’apporter sa pierre à l’édifice.

Magazine panafricain

Restez au courant des actualités les plus importantes

En cliquant sur le bouton « S'abonner », vous confirmez que vous avez lu et que vous acceptez nos conditions d'utilisation.
Add a comment Add a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Article précédent
prix littéraire panafricain

L’Union Africaine lance le premier prix littéraire panafricain

Article suivant
Aimée Abra Tenu Lawani

Togo : Aimée Abra Tenu Lawani, nouvelle Présidente de l'Awep

Publicité