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Dossier : le Burkina Faso sur le qui-vive face au covid-19

Ocean's News - Le Burkina Faso sur le qui-vive face au covid-19 Ocean's News - Le Burkina Faso sur le qui-vive face au covid-19

[De notre correspondante à Ouagadougou] – Le monde est depuis quelque temps secoué par le covid-19 qui ne cesse de se répandre avec son corollaire de dégâts. Le Burkina Faso qui est aussi touché par cette pandémie compte à ce jour 152 personnes contaminées (mise à jour du 26 mars 2020 par le faso.net). Face à la progression rapide du nombre de personnes infectées, l’État burkinabè est aux aguets pour faire face à cette pandémie et stopper la chaine de contamination.

Le virus covid-19 se répand à une vitesse incontrôlable et pour éviter le pire à sa population, le gouvernement burkinabè n’a pas manqué d’enchainer les mesures drastiques pour éviter la propagation du virus. Des mesures auxquelles les populations s’adaptent mais non sans difficultés.

Si les mesures ne sont pas à l’avantage de tous, elles sont tout de même saluées car, tous sont unanimes sur le fait que c’est dans un souci de rompre la chaine de contamination et l’expansion du covid-19.  Mais il faut le dire, au Burkina-Faso, la majorité de la population vit au jour le jour et il n’est pas aisé de faire face à cette situation de circonstance.

Pire, l’instauration d’un couvre-feu entre 19h-5h du matin vient mettre à rude épreuve l’économie de certains chefs de familles qui se battent au jour le jour pour assurer la pitance quotidienne familiale. Certains arrondissent leurs fins de mois par des travaux de nuit et ce couvre-feu n’est pas sans préjudice pour ces ménages.

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À cette situation déjà difficile vient s’ajouter la fermeture des grands marchés et yaar (peitts marchés en langue nationale) entrée en vigueur le 26 mars et ce jusqu’au 20 avril 2020, et la quarantaine de toutes les villes touchées par le virus. Cette dernière mesure prendra effet le vendredi 27 mars 2020.

Face à cette situation, les marchés n’ont pas cessé de désemplir. Çà et là, les femmes s’adonnent à une course à la montre et envahissent les marchés pour faire des provisions car un confinement semble s’annoncer à l’horizon.

Des conséquences lourdes

La fermeture des marchés annonce déjà une situation intenable à l’horizon. Elle priverait en effet les populations les plus vulnérables en particulier d’approvisionnement. La majorité des Burkinabè n’a ni les capacités financières, ni les équipements électroménagers et encore moins l’alimentation continue en électricité ou en eau pour faire des stocks d’aliments et des produits de première nécessité pour plusieurs jours.

De plus, les marchés concentrent des activités lucratives pour des centaines de milliers de populations dont plusieurs vivent dans un cycle économique de quelques jours. De ce fait, elles sont confrontées au besoin quotidien de poursuivre leurs activités quasi-quotidiennement pour en tirer les ressources pour survivre.

Vers un confinement…

Face à cette situation, une équipe de la rédaction du magazine Ocean’s News, basée à Ouagadougou a approché quelques clients et commerçants qui se sont prononcés sur cette nouvelle mesure. Tout se déroule au marché de bendogo de la ville de Ouagadougou, entre 10h et 12h. Certains Ouagalais et plus spécifiquement les commerçants se disent très surpris par cette décision de fermeture des principaux marchés de la capitale.

« Nous avons reçu la décision de manière brusque sans beaucoup de temps devant nous pour nous y préparer. Pour s’approvisionner, il faut avoir un budget au moins. Et pourtant, cette décision tombe avant le versement des salaires mais on achètera ce qu’on peut avec nos moyens de bord », laisse entendre une cliente que nous avons interrogé du nom de Kima Adéline.

« La fermeture des gros marchés et yaar pour une durée d’un mois est beaucoup à mon avis. Pour avoir des légumes frais, ce sera compliqué. C’est tout ce qui est sec que nous allons manger. Les gens souffriront à la maison. Voyez vous-même, à la suite de l’annonce de la décision, les Ouagalais ont envahi les marchés. La distance d’au moins 1 mètre n’est pas respectée. Comment faire ? On n’a pas le choix. Et les prix des denrées ont augmenté, on ne peut plus rien acheter. Cette situation ne nous arrange pas du tout », déclare Véronique Tougma, ménagère

« Comme cette pandémie covid-19 secoue tout le monde entier, on n’a pas le choix, on va se soumettre à la décision gouvernementale. De plus, il faut bien avoir la santé pour chercher l’argent. Mais en toute sincérité, ça sera difficile pour nous les commerçants », explique Marcel Kaboré, commerçant. « Qu’est-ce que nous allons faire de nos articles ? Qu’allons-nous devenir et comment subvenir aux multiples besoins de nos familles ? » Se demande-t-il très pensif.

Une autre commerçante, Mariam Sankara rejoint l’analyse de son confrère et exhorte le gouvernement à venir en aide aux nécessiteux :

« C’est une méthode de prévention sanitaire mais à un certain niveau, ça va pénaliser beaucoup de personnes. C’est le cas d’ailleurs de mes collègues commerçantes qui en majorité subviennent aux besoins de leurs familles. Faire deux à trois jours sans venir au marché, c’est un problème. Que dire alors d’un mois ? Si les marchés doivent rester fermer pendant un mois, il faudrait songer à venir en aide aux familles vulnérables car sans accompagnement, seules les plus riches pourront traverser cette situation sans difficulté. »

Sur le chemin du retour, nous avons prêté notre micro à un passant qui a bien voulu nous donner son avis sur cette décision de la fermeture des marchés.

« Dans les jours à venir on craint qu’il y ait un confinement mais comprenez-vous que certaines personnes arrivent à vivre parce que justement ils gèrent des petits commerces dans ces marchés. Et d’ailleurs combien de burkinabè ont la possibilité de faire des provisions ? Si les marchés se ferment ceux qui vivent au jour le jour comment feront-ils ? Adoptons nos solutions à nos réalités sinon c’est la famine qui causera des décès à la place du covid-19 ».

Désiré Zoungrana.

En attendant que le confinement total ne soit prononcé, les Ouagalais des zones à risque moins élévés continuent par vaquer à leurs occupations avec méfiance et crainte.

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