La directrice du FMI, Kristalina Georgieva, prévoit une récession mondiale en 2020 car la pandémie de Covid-19 perturbe les économies. Le revenu mondial par habitant va reculer dans 170 pays.
« La planète terre connaitra les retombées économiques les pires depuis la Grande Dépression de 1929 », selon le FMI. Dans un discours diffusé le jeudi 9 avril 2020, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a annoncé que 170 des États membres devraient subir un recul du revenu par habitant.
Le FMI dévoilera mardi prochain ses dernières prévisions économiques qui risquent d’être entachées d’incertitudes comme jamais. Kristalina Georgieva a rappelé qu’il y a trois mois, le FMI prévoyait au contraire une progression du revenu par habitant pour 160 pays.
Également dans un rapport publié le jeudi 9 avril 2020, la Banque mondiale de son côté, annonce une probable récession en 2020 pour l’Afrique subsaharienne. Ce qui constituerait une première depuis un quart de siècle. Selon l’institution financière mondiale, l’économie de l’Afrique Subsaharienne pourrait se contracter de 2,1 % pour atteindre -5,1 % cette année. L’épidémie s’est propagée à 52 pays du continent qui, au total, ont signalé 10 250 cas confirmés et 492 décès.
Un double choc mondial
Les pays émergents sont les plus vulnérables face à ce double choc mondial d’offre et de demande. Depuis deux mois, 100 milliards de dollars ont déjà fui les pays en développement, trois fois plus, sur la même durée, qu’au cours de la crise financière de 2008. Les besoins financiers de ces pays se compteront en milliers de milliards de dollars. Toutefois, la patronne du FMI note que quelque 8000 milliards de dollars ont déjà été mobilisés par les États à travers le monde pour soutenir leurs économies, à travers des soutiens directs ou des garanties bancaires. Une nouvelle encourageante selon la Bulgare.
Comment y faire face ?
Pour y faire face, la Banque mondiale et le FMI appellent les créanciers à un « gel de la dette » afin de libérer de l’argent pour sauver des vies et protéger les moyens de subsistance. Pour la N°1 du FMI, il faut d’abord contenir la pandémie et soutenir les systèmes de santé. « Ceux qui disent qu’il y a un compromis à trouver entre sauver des vies et sauver les moyens de vivre présentent un faux dilemme », a expliqué Kristalina Georgieva. « Soutenir la reprise économique passe d’abord par la préservation de la santé des populations », a-t-elle martelé.
Par ailleurs, elle a déclaré qu’il faudra protéger les ménages et les entreprises avec les mesures budgétaires et financières adaptées, réduire les risques de contagion pour la finance mondiale et soutenir la reprise, notamment en stimulant la demande.
Pour relever ces défis, le FMI dispose d’une capacité de prêts de 1000 milliards de dollars. Son comité directeur vient par ailleurs d’approuver le doublement de sa ligne de financement d’urgence, à 100 milliards de dollars. De quoi répondre aux 90 pays qui ont déjà frappé à sa porte. Le Fonds s’engage aussi à trouver des solutions pour les pays dont l’endettement les exclut d’une aide du FMI selon les règles en vigueur avant la pandémie. Kristalina Georgieva a diffusé cette intervention selon l’habitude du Fonds, en «lever de rideau » de la traditionnelle semaine d’assemblée de printemps du FMI et de la Banque mondiale, prévue la semaine prochaine.
Un clin d’œil aux populations les plus pauvres
La Banque mondiale quant à elle propose un gel des paiements de la dette, ce qui permettrait de libérer plus de 35 milliards de dollars utilisés chaque année pour assurer le service des prêts, ainsi que d’économiser 44 milliards de dollars en exonérations de paiement d’intérêts. Elle exhorte également les pays africains à envisager des transferts d’argent liquide, la distribution de nourriture et des exemptions de frais sur les services de base pour soutenir les plus pauvres.
Le millésime 2020 regroupera les ministres des Finances et les banquiers centraux des 189 États membres. Ils se retrouveront par écrans interposés. Au centre des discussions, la gestion de la pandémie de Covid-19. Ce millésime sera donc tout sauf traditionnel.
Source : le figaro